Football | Bilan du mercato hivernal

 

 


L'OMBRE DU FAIR-PLAY FINANCIER PLANE SUR
LE MERCATO HIVERNAL
 

 

 

 

 

Le mercato hivernal s'est achevé sans vraiment faire de bruit. Aucune folie, quelques échanges et de nombreux prêts avec option d'achat. Autant de raisons qui portent à croire que le fair-play financier est désormais dans tous les esprits. Tour d'horizon de ce mercato de réparation, caractérisé par des grands refus et des affaires low cost. 

 

 

Il n'entrera en vigueur que le 1er juin prochain mais son arrivée se manifeste déjà. Nous parlons bien entendu du fair-play financier. Ce programme qui aura pour but de régulariser les dépenses des clubs européens c'est Michel Platini qui l'a suggéré devant le constat accablant du surendettement des clubs. "Les clubs ne devront pas dépenser plus que ce qu'ils gagnent", déclarait le Président de l'UEFA. Un message qui, au vu du mercato hivernal qui s'achevait hier, est entré dans les esprits aux quatre coins de l'Europe.

 

 

France : Beckham, Pato, Tevez... ou pas : ici, c'est la Ligue 1 !

 

Difficile de revenir sur le mercato hivernal français sans parler du Paris-Saint-Germain. Bref rappel des faits : l'été dernier le club de la capitale changeait de propriétaire en passant dans les mains du richissime qatari, Nasser Al-Khelaïfi. Son ambition ? Faire du PSG un club gagnant aussi bien sur le territoire national que sur la scène européenne. Pour cela, il s'attache les services de Leonardo qui occupera le poste de directeur sportif avec le devoir d'user de son aura internationale pour amener de grands joueurs à Paris. En été, Leonardo parvient à aligner 8 recrues pour une somme avoisinant les 89.3 M€. A la trêve hivernale, le club qui pointe pourtant en tête de la Ligue 1, remercie son entraîneur Kombouaré et le remplace par le plus côté, Carlo Ancelotti. Un grand entraîneur facilitera certainement l'arrivée de joueurs importants.

 

Des liquidités à disposition, le club en tête du championnat et un entraîneur de renommée, tout semble réuni pour recruter une immense star. Une star comme David Beckham par exemple. Leonardo va tout faire pour convaincre l'anglais qui décidera finalement de rester en Californie pour "motif personnel". Viennent alors les brésiliens. Kakà ? Mourinho ne veut pas s'en séparer. Pato ? Oui, Pato. Cet attaquant, grand par son talent et pourtant encore si jeune est en proie aux doutes à l'AC Milan, club qu'il avait justement rejoint en 2007 grâce à Leonardo. Dans l'après-midi du 12 janvier 2012, l'annonce tombe : "l'AC Milan et le Paris-Saint Germain ont trouvé un accord pour le transfert de Pato". L'hexagone est en ébullition. Mais ce sera de courte durée. Quelques minutes plus tard, Alexandre Pato annonce qu'il ne veut pas quitter son club. Touché mais pas coulé, Leonardo pense alors à l'attaquant argentin, Carlos Tevez. Seul problème, le joueur s'est déjà accordé tacitement avec l'AC Milan. Soit, Leonardo est persuadé que l'argent peut faire basculer la balance dans son camp. Il soumet une proposition en or : 35 M€ pour Manchester City et 11 M€ annuel pour le joueur. Il n'en sera rien, Tevez décline à son tour la proposition de Leonardo qui n'arrive décidément pas à recruter sa star internationale. Le valeureux "compensera" ces différents refus de luxe en signant Maxwell (FC Barcelone), Alex (Chelsea) et Thiago Motta (Inter). Un moindre mal qui devrait suffire pour conserver la première place de la Ligue 1. Néanmoins, Leonardo devra impérativement revoir sa communication, il en va de sa réputation.

 

Les autres équipes du championnat de France sont restées discrètes durant ce mercato hivernal ponctué de nombreuses opérations gratuites (prêts). On relèvera tout de même le passage de l'attaquant Erding du PSG au Stade Rennais (7.5 M€), Mariano en provenance de Fluminense qui s'accorde avec Bordeaux (3 M€) ou encore le buteur Nolan Roux qui passe de Brest à Lille (8 M€) pour pallier au départ de Moussa Sow, transféré au Fenerbahce pour 10 M€. Le record de cette session est bien évidemment à mettre au crédit du PSG avec ses 10 M€ pour s'attacher les services de Thiago Motta. Mais le prestige ne s'achète pas, Leonardo ne l'a que trop compris...

 

 

Italie : Tevez prisonnier d'or, l'Inter parie sur Guarin, la Juve s'offre Borriello

 

La Serie A s'est aussi davantage caractérisée par les opérations n'ayant pas abouties plutôt que de réels transferts significatifs.

 

La péninsule a vibré plusieurs semaines avec la saga Carlos Tevez. Conscient des différents entre l'attaquant et son club (Manchester City), l'AC Milan flaire le coup et obtient rapidement l'accord du joueur. Fort de cet accord, le club lombard peut faire pression sur Manchester City afin d'obtenir le joueur au rabais. Mais l'opération va se compliquer. L'Inter décide de s'insérer dans la course à l'argentin en proposant des liquidités cash là ou le Milan privilégiait un prêt avec option d'achat en fin de saison. Manchester City se replaçait donc en position de force. Un chassé croisé qui va durer et perdurer avec une évidence inéluctable : Tevez refuse toute destination autre que l'AC Milan. Après l'Inter, c'est le PSG qui se fait remercier par l'argentin. Mais Manchester City n'en démord pas : seule une obligation d'achat sera acceptée. L'administrateur délégué de l'AC Milan, Adriano Galliani annonce que le club se retire de l'opération. Quelques jours de réflexions, puis Galliani tente un nouveau coup de théâtre : "Nous prendrons un attaquant. Soit Tevez, soit Maxi Lopez". Avec cette déclaration, le dirigeant italien espère que Manchester City réalise une fois pour toute qu'ils risquent réellement de se retrouver avec le fardeau d'un joueur qui ne joue pas malgré ses 8 M€ de salaire annuel. Galliani a l'accord pour Maxi Lopez et décide de fixer un ultimatum : "Vendredi 19h nous choisirons notre attaquant". C'est ce vendredi 27 janvier 2012 que la saga va connaître son tournant décisif. A 18h30, Manchester City semble enfin céder aux exigences de l'AC Milan (prêt avec obligation d'achat si la vente d'un joueur est réalisée à la fin de la saison). Mais à l'improviste, les anglais ajoutent une clause comportant une nouvelle obligation : "Dans le cas ou le club n'achèterait pas Tevez de manière définitive, il devrait verser une compensation de 8 M€" ! Galliani, agacé, met un terme aux négociations et annonce l'acquisition de Maxi Lopez. Si Galliani avait longtemps fait croire qu'il n'y aurait pas eu la place pour les deux argentins, ce n'était que pour bluffer les dirigeants de Manchester City. Ainsi, après l'annonce de Maxi Lopez, l'espoir que la confiance des anglais s'estompe dans les derniers jours du Mercato subsiste. Il n'en sera rien, les anglais "emprisonnent" leur joueur au salaire onéreux en l'envoyant avec la deuxième équipe...

 

Le Genoa et ses 8 recrues (dont Gilardino, Belluschi ou Bovo) est l'équipe qui a le plus dépensé (16 M€) sur cette session hivernale. Suivent le Napoli (15 M€ pour le prodige Edu  Vargas); Palermo (9.5 M€) qui s'est attaché les services de Donati (Bari), Viviano (Inter) ou encore Mehmeti (Malmö) ; la Juventus (6.7 M€) qui a notamment enregistré le retour de Caceres (Séville) et l'avant-centre Borriello (Roma) ; puis l'Inter (6.5 M€) avec Guarin (Porto), Palombo (Sampdoria) et un jeune défenseur brésilien, Juan. La majorité des mouvements ont été enregistré par la formule low cost en vogue : le prêt avec option d'achat. C'est ainsi que l'AC Milan a placé ses 3 principales recrues que sont respectivement Mesbah (Lecce), Maxi Lopez (Catania) et Muntari (Inter) alors que Pato et F.Inzaghi ont une nouvelle fois démontré leur attachement en refusant les offres respectives du PSG et de Sienne.

 

 

Espagne : poco y nada, volonté ou contrainte ?

 

Une moyenne de 2 joueurs achetés par équipe durant une session de mercato c'est faible, très faible même. Mais c'est pourtant bien le chiffre enregistré par la Liga au cours de ce mercato de réparation.

 

Les ténors n'ont pratiquement rien fait. Barcelone s'est contenté d'enregistrer le retour de Keirrison, a résilié Hleb et, comme nous le disions précédemment, a vendu Maxwell au PSG. Ni plus ni moins. Le Real Madrid a réussi à faire moins puisqu'il n'a tout simplement enregistré aucune opération. Au même titre que Valence. Devant pareil inactivité, on mentionnera que l'Espanyol de Barcelone a obtenu le prêt du jeune prodige brésilien Coutinho (Inter) et a récupéré Uche ainsi que Victor Sanchez, tous deux libérés par la mésaventure du Neuchâtel Xamax. Enfin, le Racing Santander s'est assuré les services de Babacar (Fiorentina), un jeune attaquant africain qu'il faudra suivre attentivement. Reste qu'on a rarement vu aussi peu de mouvements en Liga : les banques auraient-elles tiré la sonnette d'alarme ? 

 

 

Angleterre : les clubs anglais se découvrent économes 

 

On a encore en tête les sommes astronomiques (84 M€ pour Chelsea et 72 M€ pour Liverpool) du mercato hivernal de l'année dernière. Cette fois-ci, les anglais n'ont pas flambé, loin de là.

 

Manchester United n'a fait qu'enregistrer des retours de prêts (ou de fin de carrière comme Paul Scholes) tout comme le leader, Manchester City qui a notamment récupéré Adebayor (Tottenham), Bridge (Sunderland) et Pizarro (AS Roma). Arsene Wenger, l'entraîneur d'Arsenal, a profité de la trêve aux USA pour ramener Thierry Henry. Tottenham récupère plusieurs joueurs dont Saha (Everton) et Jenas (Aston Villa). Liverpool n'en fait guère plus.

 

Néanmoins, quelques clubs ont ratissé les fonds de caisse. Newcastle a déboursé 12 M€ pour Papiss Demba Cissé (SC Freiburg). Les Queens Park Rangers ont placé trois recrues de choix : Zamora (Fulham, 4.8 M€), Onuhoa (Man. City, 4.7 M€) et Djibril Cissé (5 M€) pour un total de 14.5 M€. La palme d'or, pour la seconde année consécutive, est à mettre au crédit de Chelsea qui a investi 17.3 M€ pour Cahill (Bolton) et De Bruyne (Genk). Rien en rapport aux 84 M€ de l'année précédente ! Une victoire avant l'heure pour Michel Platini ? L'avenir nous le dira...

 

 

Mike Chiavaroli