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   LES  «EXPENDABLES» PARISIENS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis la reprise du club, en juillet 2011, dix-sept joueurs ont rejoint la capitale soit un investissement de 210 M€. Fort de l'expérience et du carnet d'adresse de Leonardo, le club peut également compter sur un entraîneur de renommée en la personne de Carlo Ancelotti. Après une première saison compliquée, le PSG a mis les moyens pour recruter Lavezzi, Verratti, Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic. Les «Expendables» Parisiens sont prêts à partir en mission.

 

 

Ils sont issus d'univers différents. Certains sont considérés comme les meilleurs en circulation. D'autres, ont les capacités de le devenir. Ensemble, ils ont accepté un projet ambitieux. Ce sont les "Expendables" parisiens, autrement dit une équipe de mercenaires d'élite prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Leur mission ? Conquérir la France et l'Europe.

 

D'une légende à une autre

 

L'équipe est déployée dans la capitale de l'hexagone et se fait appeler Paris Saint-Germain FC. Il se dit que sa légende débute en 1970, suite à une fusion du Stade Saint-Germain (fondé en 1904) et du Paris FC. Ses conquêtes sont facilement quantifiables : 16 sur le territoire national (8 Coupes de France, 3 Coupes de la ligue, 2 Championnats de France, 2 Trophées des champions, 1 Championnat de D2) et 2 sur la scène internationale (1 Coupe d'Europe des vainqueurs de coupes et 1 Coupe Intertoto). Le dernier succès date de 2010 avec la Coupe de France remportée face à l'AS Monaco. Toutefois, pour retrouver un triomphe parisien en Championnat de France, il faut remonter à plus de 18 ans en arrière. Une éternité pour une équipe qui a compté dans ses rangs des joueurs tels que : L.Fernandez, D.Rocheteau, D.Ginola, B.Lama, G.Weah, Raí, Djorkaeff ou encore Okocha, Anelka, Ronaldinho et Pauleta qui est, à ce jour, le meilleur buteur du club avec 109 réalisations. Une métropole comme Paris mérite d'avoir une équipe à sa hauteur. C'est du moins ce que juge un certain Nasser Al-Khelaïfi, ancien sportif qatarien de haut niveau et désormais multimilliardaire, lorsqu'il reprend la présidence du Paris Saint-Germain. Les objectifs fixés par Al-Khelaïfi sont pour le moins ambitieux : remporter toutes les coupes auxquelles son équipe participe. Pour ce faire, l'homme apporte des moyens financiers considérables et s'entoure de professionnels compétents. Le PSG entre dans une nouvelle ère.

 

Une affiche à la gloire du Paris Saint-Germain ayant arpenté les rues de Paris
Une affiche à la gloire du Paris Saint-Germain ayant arpenté les rues de Paris

Les prémices d'un rêve plus grand

 

Dès le départ, le nouveau propriétaire marque de son empreinte son arrivée en présentant ses ambitions aux supporters : "Rêvons plus grand". Un slogan qui vient compléter le traditionnel "Paris est magique" et duquel tous les choix du qatari découleront. Ainsi, Nasser Al-Khelaïfi s'assure les services de Leonardo - ancien international brésilien et joueur du club - et son carnet d'adresses fournis d'une multitude de contacts, notamment dans la péninsule où il y a d'abord évolué durant plus de 5 ans (AC Milan), avant de devenir un recruteur du club lombard pour qui il a contribué aux transferts de Kakà et Pato. En 2009, il passe même sur le banc de touche et devient entraîneur à l'AC Milan puis, la saison suivante, à l'Inter. C'est à ce moment-là, qu'intervient Nasser Al-Khelaïfi en lui proposant de revenir à un rôle plus approprié au brésilien : la direction sportive du Paris Saint-Germain. Une proposition que Leonardo accepte avec enthousiasme.

 

En remettant les décisions sportives entre les mains du polyglotte brésilien, Nasser El-Khelaïfi sait qu'il apporte une valeur ajoutée à son équipe mais surtout qu'il pourra bénéficier de son aura auprès des professionnels afin de convaincre des joueurs de rejoindre la capitale. Leonardo, quant à lui, est conscient que le PSG sort d'une saison ayant aboutie sur le 4e rang de la Ligue 1 et qu'il doit impérativement renforcer afin de répondre aux ambitions du nouveau propriétaire. Leonardo va tout d'abord porter son intérêt sur des jeunes joueurs français. Excepté, Kevin Gameiro (Lorient) et Jérémy Menez (AS Roma), le brésilien se rend compte que la reprise de son club par les qataris ne donnent pas une bonne image aux autres clubs de l'hexagone. Ils sont nombreux à refuser de s'asseoir à la table des négociations. "Leo" se rabat alors sur ses acquis : le championnat italien. Menez, Sirigu et Mohamed Sissoko viennent renforcer l'effectif parisien. Mais aussi et surtout, un certain Javier Pastore. Le milieu offensif argentin est acheté pour près de 43 M€ au club de Palerme. La dernière recrue du mercato estival, cru 2011-12, répond au nom de Diego Lugano, défenseur central et capitaine de l'Uruguay. Du côté du banc de touche, cela s'avère plus compliqué. A défaut de mieux, le PSG privilégiera la continuité en gardant Kombouaré à son poste.

 

A la mi-saison, l'équipe pointe en tête avec trois longueurs d'avance sur Montpellier. Néanmoins, Leonardo abouti à un accord avec son ancien mentor, Carlo Ancelotti, et décide donc de remercier Kombouaré, première victime du slogan "rêvons plus grand". Invraisemblable mais vrai, l'entraîneur en tête de la Ligue 1 est donc limogé. Outre Ancelotti, Leonardo engage 3 nouvelles recrues lors du mercato hivernal : Maxwell (Barcelone), Alex (Chelsea) et Thiago Motta (Inter). Néanmoins, ce sont plutôt les non-recrues qui feront couler de l'encre lors de ce mercato. En effet, à en croire la presse, de nombreux grands joueurs auraient dû rejoindre l'équipe : Beckham, Kakà, Tevez, Pato ou encore Thiago Silva. Au final, tous ces joueurs feront uniquement figure d'échecs pour Leonardo. De surcroit, la saison ne se termine pas comme prévue puisque le PSG se fait rattraper puis distancer par l'impressionnante équipe de Montpellier qui en profite pour remporter son premier Championnat de France. La politique de formation de Montpellier qui triomphe face aux millions du PSG. Une morale au goût amer pour Leonardo et consorts. 

  

Z.Ibrahimovic se présente aux médias lors de la conférence de presse
Z.Ibrahimovic se présente aux médias lors de la conférence de presse

Les mercenaires au complet

 

Il n'est jamais chose facile de commencer une nouvelle ère. Le PSG a pu le constater lors de sa première saison en tant que "nouveau riche". Au final, l'unique richesse qui fasse la différence est celle du terrain. Ainsi, la leçon de la première saison est qu'il vaut mieux intégrer moins de joueurs dans l'effectif mais aussi et surtout que ceux-ci fassent partie intégrale du projet de jeu souhaité par l'entraîneur. En accord avec Carlo Ancelotti, Leonardo interviendra de manière plus ciblée sur le mercato afin de remettre une équipe plus compétitive au technicien italien.

 

Les 13 recrues de la saison 2011-12 resteront donc une exception. Leonardo débute le mercato avec l'idée de recruter le meilleur défenseur actuel sur la planète foot : le brésilien Thiago Silva de l'AC Milan. Hélas pour "Leo", il sera vite renvoyé vers d'autres objectifs par les dirigeants milanais qui ne souhaitent pas se séparer de leur "mur". Le PSG reprend quelques vieux dossiers, comme celui de Kakà, et part à la recherche d'un grand avant-centre en vue de la campagne européenne.  La première estocade est portée le 2 juillet 2012. L'argentin Ezequiel Lavezzi rejoint la capitale pour un montant avoisinant les 31 M€. Par la suite, Leonardo flaire un coup en s'immisçant dans les négociations concernant le jeune prometteur italien de Pescara, Marco Verratti (19 ans), jusqu'ici convoité par la Juventus. Un peu plus de 12 M€ permettront au PSG de s'assurer les services de celui qu'on surnomme déjà "le nouveau Pirlo".

 

Cependant, le président parisien, Nasser Al-Khelaïfi veut davantage pour son équipe. Il ne veut plus perdre de temps. Une improbable ouverture va alors se présenter à lui lorsque Adriano Galliani, administrateur délégué de l'AC Milan, fait part à Leonardo qu'il accepterait de céder Thiago Silva à condition que le PSG s'assure également les services de l'attaquant suédois, Zlatan Ibrahimovic. Une aubaine pour les lombards qui se sépareraient ainsi du salaire monstrueux du joueur (12 M€/an) au prix d'en perdre, à contre coeur, leur meilleur atout défensif. Al-Khelaïfi donne le feu vert à Leonardo. Le brésilien place là un coup double historique pour le PSG mais aussi pour le championnat de France. Désormais, le PSG tient ses superstars internationales avec lesquelles il complète une équipe de mercenaires d'élite. La France et l'Europe sont avertis : le PSG entre dans la cour des grands.

 

Al Mubarak (Man.City) Abramovich (Chelsea) Perez (Real Madrid)
Al Mubarak (Man.City) Abramovich (Chelsea) Perez (Real Madrid)

Fonds, stars et... patience ! 

 

« Rome n'a pas été bâtie en un jour », récite une célèbre citation. En matière de football, cette citation a également une valeur d'exemple puisque le projet du PSG a connu quelques précurseurs dans un passé guère lointain. Souvenez-vous. 

 

 

Florentino Perez | Président du Real Madrid (de 2000 à 2006, puis de 2009 à ce jour)

 

Après une première candidature infructueuse en 1995, Florentino Perez accède à la présidence du Real Madrid en juillet 2000. Son atout majeur lors de l'élection fut la promesse de recruter le portugais Luis Figo (alors au FC Barcelone). Le projet de Perez afin d'améliorer les finances du club consiste à faire signer des joueurs de classe mondiale qui, du fait de l'intérêt qu'ils génèrent, permettront d'augmenter considérablement les revenus marketing du club ce qui amortira le coût du transfert du joueur et apportera de gros revenus. Une politique qui amènera Florentino Perez a recruté une grande star chaque année. Ainsi, Luis Figo (2000), Zinedine Zidane (2001), Ronaldo (2002), David Beckham (2003), Michael Owen (2004) et Robinho (2005) feront partie de la légendaire équipe surnommée "Les Galacticos".

Cette politique permet au Real Madrid de reconquérir immédiatement le territoire national en remportant la Liga 2000-01 avant de retrouver le trône européen, la saison suivante, en remportant la Champions League face au Bayer Leverkusen. La suite sera en revanche bien plus laborieuse avec l'absence de titres majeurs jusqu'en 2007. Le 27 février 2006, Florentino Perez rend son tablier avec à son actif : 2 Liga, 2 Supercoupes d'Espagne, 1 Champions League, 1 Supercoupe de l'Uefa et 1 Coupe Intercontinentale (aujourd'hui appelé "Mondial des Clubs").

 

Florentino Perez est de retour aux affaires trois ans plus tard. Ses idées n'ont pas énormément évoluées si ce n'est de vouloir les réaliser plus rapidement : il s'agit désormais d'amener plus d'une grande star par saison. En cela, l'été 2009 va être impressionnant pour les supporters madrilènes qui voient arriver les deux derniers ballons d'or : Kakà pour 66 M€ et C.Ronaldo pour 94 M€ ! Mais ce n'est pas tout. Benzema (35 M€), Xabi Alonso (30 M€) et Raul Albiol (15 M€) complètent le mercato le plus cher de l'histoire du football avec des dépenses s'élevant à 240 M€.

Les résultats ne sont cependant pas à la hauteur des investissements. Une 2e place en championnat et aucun titre lors de la première saison 2009-10. L'année suivante, Mourinho est désigné comme nouvel entraîneur et une nouvelle enveloppe de presque 100 M€ est débloquée pour s'attacher les services de 7 nouveaux joueurs, dont notamment Mesut Özil. Cela permet au Real Madrid de remporter une Coupe d'Espagne et d'aligner une nouvelle 2e place au classement, derrière l'indétrônable Barcelone de Guardiola. C'est lors de la troisième saison, en 2011-12, que le Real Madrid va enfin réussir à se hisser devant le Barcelone et reprendre ainsi une domination sur le territoire national. En revanche, en Champions League, les hommes de Mourinho s'arrêtent en demi-finale en s'inclinant au TAB contre le Bayern de Munich. Le retour sur le trône européen est encore attendu...  

 

 

Roman Abramovich | Président de Chelsea (de 2003 à ce jour)

 

Lorsqu'il reprend le club londonien de Chelsea au bord de la faillite, à l'été 2003, Roman Abramovich fait figure de sauveur. Dès son arrivée, à l'image de Perez, il va injecter des centaines de millions d'euros pour renforcer les Blues. Lors de la première saison, l'équipe termine au 2e rang de la Premier League et s'arrête en 1/2 finale de la Champions League face à l'AS Monaco. Des résultats historiques pour le club mais qui ne suffisent pas à l'ambition du propriétaire russe. Cette année-là, le Porto de José Mourinho remporte la Champions League et Roman Abramovich recrute l'entraîneur portugais pour la saison à venir. Fort d'un recrutement massif, José Mourinho et son équipe vont écrire l'histoire en remportant un second championnat d'Angleterre qui manquait à Chelsea depuis 50 ans ! Un succès qui sera même réédité la saison suivante. En revanche, Abramovich aura dû attendre 8 saisons avant que son équipe ne se hisse sur la plus haute marche européenne et remporte la Champions League contre le Bayern de Munich.

Depuis sa reprise en 2003 et ses 2 milliards d'euros investis, le propriétaire russe a remporté : 4 Coupes d'Angleterre, 3 Championnats d'Angleterre, 2 Coupes de la ligue, 2 Community Shield et 1 Champions League. 

 

 

Khaldoon Al Mubarak | Président de Manchester City (de 2008 à ce jour)

 

A la différence de ses prédécesseurs, Al Mubarak ne compte pas casser l'ensemble de la tirelire dès son arrivée. Bien que Le premier mercato dénombre 11 renforts, il reste plus ou moins sobre, à l'exception du transfert de Robinho (Real Madrid). Cela ne suffira pas aux Citizens qui concluront la saison sur une décevante 10e place. La saison suivante, 10 nouveaux joueurs arrivent mais cette fois-ci de nombreux expérimentés sont présents : Tevez, Adebayor, Kolo Touré, Sylvinho ou encore Patrick Vieira. L'équipe, reprise par Roberto Mancini en cours de saison, commence à prendre forme et termine à la 5e place du championnat. Pour la saison 2010-11, Mancini fait appel à 7 renforts de choix : J.Boateng, Yaya Touré, David Silva, Kolarov, James Milner, Dzeko et le jeune italien, Mario Balotelli. Les Skyblues sont en constante progression et atteignent la 3e place du classement qui leur permet de disputer la Champions League lors de la saison suivante. La saison 2011-12 voit 6 nouvelles recrues débarquer afin de renforcer l'effectif de Manchester City. Malgré un parcours européen catastrophique, Mancini va marquer l'histoire du club en remportant une Premier League qui manquait depuis près de 44 années !

Nonobstant, le bilan des 4 premières saisons de Khaldoon Al Mubarak reste plutôt maigre : 1 Premier League et 1 Coupe d'Angleterre. Toutefois, il faut reconnaître que Manchester City partait de loin. Le trône national reconquis, il s'agit maintenant d'améliorer considérablement les résultats européens.





Real Madrid, Chelsea et Manchester City. Ce sont les trois derniers exemples qui démontrent que le football est loin d'être une science exacte. Les fonds sont certes importants mais ils ne font pas tout. Seul le Real Madrid du 1er règne de Perez est parvenu à remporter le championnat national dès sa reprise. Chelsea a dû attendre deux saisons alors qu'il en aura fallu quatre à Manchester City. Le PSG a, quant à lui, d'ores et déjà échoué à son premier coup d'essai.
Dominer la scène européenne s'avère encore plus compliqué. Une fois  de plus, c'est le Real Madrid version "Galacticos" qui y est parvenu le plus rapidement, à savoir après deux saisons. Rappelons tout de même que l'équipe partait d'une bonne base puisque déjà victorieuse de cette même Champions League en l'an 2000. En revanche, le 2e règne Perez attend encore de reconquérir le toit de l'Europe et ce depuis trois saisons. Chelsea, comme nous l'évoquions précédemment, est parvenue à remporter sa seule et unique Champions League après 8 saisons d'attente ! Quant à Manchester City, après quatre saisons, l'équipe semble bien loin d'un titre continental.

En tenant compte des enseignements de l'histoire, on peut imaginer un sacre national cette saison pour le Paris Saint-Germain mais, en ce qui concerne la Champions League, la mission pourrait s'avérer impossible. A Carlo Ancelotti et ses «Expendables» de nous démentir.





Mike Chiavaroli



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