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ALLEGRI

CHRONIQUE D'UN CHAOS ANNONCÉ

 

 

 

  

Le début de saison catastrophique de l’AC Milan, bien plus proche de la zone reléguable que de la lutte pour le titre, ponctué par la querelle opposant Adriano Galliani et Barbara Berlusconi ont plongé les Rossoneri dans une crise sans précédent. Dans l’œil du cyclone, le désormais ex-entraîneur du club lombard a accumulé les erreurs et laissé une fois de plus entrevoir ses failles. Le temps aura donné raison à Silvio Berlusconi.

 

 

19 mai 2013, dernier match de la saison pour l’AC Milan qui à trois minutes du terme est tenu en échec sur le terrain du d’ores et déjà relégué AC Sienne (1-1). Balotelli avait égalisé sur un penalty généreux quelques secondes plus tôt mais le point du nul ne suffit pas aux Lombards pour accrocher la 3ème place qualificative pour la Champions League. Ainsi, lorsqu’à la 87e minute Mexes réceptionnait un centre de Montolivo et ajustait en deux temps le gardien adverse pour inscrire un but qui valait son pesant d’or, c’est tout le staff milanais qui criait sa joie. En tribune, on ne tenait plus non plus Adriano Galliani. L’administrateur délégué du club lombard avait toujours défendu corps et âme Massimiliano Allegri. A l’heure du bilan de cette saison 2012-13, Galliani parvenait à convaincre son président qu’il fallait voir le verre à moitié plein. C'était le 2 juin 2013. Six mois plus tard, les doutes justifiés de Silvio Berlusconi semblaient pourtant se confirmer.

 

Des indices révélateurs

 

« Le Milan devra gagner et dominer ses adversaires. » Les temps ont changé mais la devise de Silvio Berlusconi reste la même. Depuis la reprise du club en février 1986, le Cavaliere a toujours prétendu l’association du fond et de la forme. Or, sous l’ère Allegri force est de constater que les deux aspects ont bien souvent été dissociés. Si la forme peut être jugée de manière positive - deux titres sur trois saisons et toujours sur le podium en championnat – c’est au niveau du fond que le bât blesse.

 

En trois saisons, l’entraîneur a connu des situations bien différentes sur le banc milanais. Un effectif expérimenté et qualitatif lors des deux premières saisons, puis une formation rajeunie (départ des cadres) et démunie de deux top player (Thiago Silva et Ibrahimovic) la saison passée. Néanmoins, les caractéristiques de ses équipes n’ont jamais vraiment changé : départs en sourdine, blessures à la pelle et absence de jeu. Un fond bien négatif qui justifie les nombreuses remises en question de son président. Exhorter par Galliani et les supporters, Silvio Berlusconi accordait, malgré lui, le bénéfice du doute à Allegri en lui signifiant que le jeu de l’équipe devrait être bien plus convaincant à l’avenir.

 

L’éternel recommencement

 

Après avoir digéré un début de saison cauchemardesque ayant abouti sur une qualification miraculeuse pour les barrages de la Champions League, il s’agissait en ce début de saison 2013-14 de parachever cette remontée en se qualifiant pour la compétition reine. Opposés à une jeune équipe du PSV Eindhoven, les hommes de Massimiliano Allegri fournissaient deux prestations solides (1-1 en Hollande et 3-0 en Italie) et obtenaient logiquement leur ticket pour la phase de groupes. Cerise sur le gâteau, à quelques heures de la fin du mercato d’été, les supporters lombards pouvaient célébrer le retour de l’enfant prodige : Ricardo Kakà, en provenance du Real Madrid sans indemnité de transfert. « Nous jouerons le titre », affirmait alors sans l’ombre d’un doute Galliani.

 

Une illusion de courte durée. Une fois de plus, la bande à Allegri réalise un début de saison insuffisant - cinq points sur les cinq premiers matches – accumulant déjà dix unités de retard sur le leader. Mais ce n’est pas tout. A défaut d’engranger des points au classement, c’est l’infirmerie de Milanello qui se remplit sans trêve (El Shaarawy, Kakà, De Sciglio et bien d’autres rejoignent Pazzini, opéré du genou en fin de saison dernière). Miraculé, Mario Balotelli doit porter l’équipe sur ses épaules. Problème, l’attaquant italien est aussi nerveux qu’improductif : il rate plus de matches qu’il ne marque de buts. Sur le terrain, les joueurs semblent livrés à eux-mêmes. En coulisse, Barbara Berlusconi et Adriano Galliani s’allument par voie de presse. Au terme de la treizième journée de Serie A, le Milan pointe à la 13ème place du classement à 20 points du leader.

 

Épilogue d'une fin annoncée

 

Fin novembre, un rayon de soleil vient néanmoins éclaircir l'avenir d'Allegri. En s'imposant 3-0 au Celtic Park puis, dans la foulée, 3-1 à Catane, le technicien gagnait du temps en donnant l'illusion de pouvoir rééditer le come-back de la saison précédente. Un simple mirage. Malgré la qualification pour les huitièmes de Ligue des Champions obtenue au terme d'un match souffert à domicile contre l'Ajax (0-0), l'AC Milan ne parvient pas à inverser la tendance en championnat et, juste avant la trêve hivernale, s'incline dans le Derby sur un but de Palacio. On pense alors que l'heure d'Allegri a sonné mais Galliani et Barbara Berlusconi, à nouveau réconciliés, passent un accord : l'entraîneur reste en place mais s'il ne parvient pas rapidement à sortir l'équipe du ventre mou du classement, il sera immédiatement remercié. A Noël, Galliani part au Brésil et tient en alerte Clarence Seedorf. L'ancien milieu de terrain rossonero, qui avait justement été poussé vers la sortie par Allegri, est l'homme destiné à reprendre l'équipe au mois de juin. Silvio Berlusconi le veut et l'aura même plus tôt que prévu.

 

A la reprise, Kakà célèbre ses 100e et 101e buts avec le maillot du Milan (victoire 3-0  à domicile contre l'Atalanta) mais l'équipe tombe une nouvelle fois le dimanche suivant. Et quelle chute ! Alors qu'ils menaient 2-0 sur le terrain de Sassuolo (18ème), les Rossoneri ont subi la foudre de Berardi, jeune attaquant italien âgé de 19 ans, auteur d'un quadruplé aussi historique qu'expéditif. Réalisé en l'espace de 32 petites minutes, le poker de l'italien scellera l'issue de l'aventure d'Allegri sur le banc de l'AC Milan. Cette fois-ci, plus rien ne pourra sauver l'entraîneur du licenciement. Pas même le but de l'espoir inscrit en fin de rencontre par Montolivo. L'AC Milan s'incline 4-3 à Sassuolo et plus tard dans la soirée de ce 12 janvier un communiqué tombe. « C'était un match décevant, un match inacceptable. Cela confirme le besoin urgent de changement. »

 

La déclaration de Barbara Berlusconi est sans appel : Massimiliano Allegri, dont la moyenne de point par match résultait cette saison à 1,16, peut faire ses valises. De certitudes présagées en incertitudes avérées : le chaos, tant redouté par Silvio Berlusconi, s'est bel et bien installé en l'espace de six mois. Il s'agira désormais pour Clarence Seedorf et son staff d'essayer de limiter les pots cassés et de rattraper le temps perdu.