
Football | Portrait
CERCI - IMMOBILE
OBJECTIF MONDIAL
Avec 24 buts et 10 passes décisives à son actif, le duo
d'attaque du Torino est le plus influant de la Serie A (à égalité avec la paire Tevez-Llorente). Alessio Cerci et Ciro Immobile ont d'ores et déjà conquis la critique et leur prochaine cible se
nomme Prandelli. Les « jumeaux du but » aspirent à une convocation pour la Coupe du
Monde.
Près de 40 années plus tard, le Torino tient ses nouveaux « jumeaux du but ». Alessio Cerci et Ciro Immobile sont en passe de reproduire l'exploit réalisé dans le milieu des années 70 par Francesco Graziani et Paolo Pulici. À l'époque, le duo d'attaquant composé de Graziani et Pulici, rebaptisé « gemelli del gol », était parvenu à inscrire 36 buts menant ainsi le Torino à un septième, et dernier à ce jour, Scudetto. À défaut de pouvoir apporter un nouveau titre au Torino (8ème), Cerci et Immobile s'affirment, match après match, comme leurs dignes héritiers.
Le joker indispensable
Mieux vaut tard que jamais. Ce proverbe résume bien la carrière en dents-de-scie d'Alessio Cerci. Il débute en Serie A à l'âge de 16 ans sous la direction de Capello (2003-04). Mais celui que l'on compare dès lors à Henry voire à Totti mettra de nombreuses années à faire son trou. La faute à des blessures et un orgueil démesuré. Dès le début de sa carrière, Alessio, convaincu de ses capacités techniques, privilégie le dribble au détriment de l'efficacité. Le scénario se répète inlassablement. Au début, les supporters l'adorent. Puis, il devient vite le bouc émissaire de tout mauvais résultat. En plus de perdre beaucoup de ballons, Cerci n'est pas particulièrement attiré par l'idée d'aller le récupérer. Une nonchalance qui, à terme, l'entraîne irrémédiablement à prendre place sur le banc. Les supporters le sifflent, les entraîneurs jettent l'éponge et Cerci stagne. À une exception près. Giampiero Ventura. Si aujourd'hui Cerci peut prétendre à une convocation en sélection, il le doit essentiellement à cet homme. Un entraîneur qu'il croise pour la première fois à Pise, en 2007. Prêté par l'AS Roma, Ventura place le prodige sur l'aile droite de son trio d'attaque. En Serie B, Cerci laisse entrevoir tout son talent. Lui qui n'était jamais parvenu à marquer le moindre but lors de ses quatre premières saisons, va en inscrire 10 en 26 rencontres. Avant de se blesser. Cerci fait son retour en Serie A les deux saisons suivantes, à l'Atalanta (prêt) et à la Roma, connaissant les mêmes déceptions qu'auparavant. Des blessures et un jeu bien trop voué à l'exploit personnel. La Roma, lasse, décide de vendre définitivement son joyau à l'été 2010.

« Les fous
sont ceux qui
ne rêvent
pas de
la Nazionale »
Alessio Cerci
Lorsqu'il rejoint la Forentina, il déclare avoir l'ambition d'être convoqué en sélection. Les gens le prennent pour un fou. Alessio répond à sa manière, « Les fous sont ceux qui ne rêvent pas de la Nazionale. » Du rêve à la réalité, il n'y a qu'un pas que Cerci ne parviendra pas à franchir en Toscane. En raison notamment du rapport difficile avec les supporters de la Viola qui n'apprécient pas la prétention du Romain. Le salut d'Alessio Cerci va une nouvelle fois venir de son mentor, Ventura. Cinq ans après leur belle aventure à Pise, les deux hommes se retrouvent en 2012 pour maintenir le Torino en première division. Ventura valorise son poulain et lui demande en retour une condition physique irréprochable pour pouvoir fournir des efforts défensifs. Cerci reçoit le message et l'applique à la lettre. À 25 ans, Alessio Cerci devient (enfin !) un joueur moderne. Placé sur son aile droite, le gaucher est désormais capable de faire la différence offensivement tout en garantissant une couverture adéquate en phase défensive. Sept mois plus tard, le rêve devient réalité. Le 21 mars 2013, Cerci est convoqué par Prandelli pour disputer son premier match avec la Squadra Azzurra, à l'occasion d'une exhibition contre le Brésil. La fin de sa première saison au Torino est satisfaisante tant sur le plan personnel (8 buts en 35 matches) que sur le plan collectif (le Torino parvient à se sauver). Convoité par plusieurs grands clubs italiens, Cerci écoute son mentor et rempile au Torino pour parfaire son ascension. Cette saison, Ventura a transformé son ailier droit en attaquant de soutien. Une idée tant décriée cet été qui se révèle pourtant géniale. À ce jour, Cerci a inscrit 11 buts et délivré 8 passes décisives lors des 25 premières rencontres disputées cette saison (voir les stats de la saison en cours ci-dessous). Le duo formé avec Ciro Immobile est le plus influant du championnat et permet au Torino de pointer au 8ème rang de Serie A. Une position que le club Granata n'avait plus occupé depuis 20 ans. Toujours plus efficace et compte tenu des blessures de Giuseppe Rossi et Stephan El Shaarawy, Cerci fait aujourd'hui figure de joker indispensable pour la sélection de Prandelli. Le jeune prodige s'est fait un nom et a complété sa palette. Sur l'aile droite ou en soutien d'un attaquant, Cerci marque des buts et offre des caviars. Ses dribbles interminables et sa prétention d'antan ne sont plus qu'un lointain souvenir. Du haut de ses 26 ans, Alessio peut légitimement rêver de Coupe du Monde. Plus personne ne le prendra pour un fou.
Alessio Cerci
Ciro Immobile

Italie
26 ans
1m80 | 78 kg
Attaquant
Italie
24 ans
1m85 | 78 kg
Attaquant

Matches | Buts | Assists | Tirs | Dribbles |
25 | 11 | 8 | 80 | 52 |
Note moyenne | ||||
7.44 |
Matches | Buts | Assists | Tirs | Dribbles |
22 | 13 | 2 | 60 | 23 |
Note moyenne |
||||
7.09 |
stats: WhoScored
L'expérience ou l'insouciance ?
La maturité de l'âge ou la fougue de la jeunesse ? Tel est le dilemme auquel Prandelli devra apporter une réponse au moment de choisir le vice-Balotelli pour la Coupe du Monde au Brésil. Car si Mario Balotelli a sa place assurée, à moins bien évidemment d'une mauvaise blessure de dernière minute, celle de son remplaçant est prisée de tous. Osvaldo (28 ans), Gilardino (31), Pazzini (29) ou encore Luca Toni (36) sont les principaux prétendants. Quatre profils ayant accumulé une certaine expérience du haut niveau. Toutefois, si Prandelli voulait opter pour l'insouciance de la jeunesse, comme il l'avait fait en sélectionnant Borini (21 ans) pour l'Euro 2012, un autre profil se dégagerait. Celui de Ciro Immobile. Le partenaire d'attaque de Cerci.
Contrairement à son acolyte, Immobile a connu un début de
carrière plus classique. Formé à la Juventus, il fait ses grands débuts en Serie A lors de la saison 2008-09, à l'âge de 19 ans. Après trois petites présences lors des deux premières saisons,
Ciro dispute deux saisons en prêt avec le Siena et Grossetto tout d'abord puis au Pescara ensuite. S'il totalise 20 présences et inscrit 2 buts au cours de sa première saison de prêt, c'est bel
et bien la seconde qui va le projeter sous le feu des projecteurs. À Pescara, sous la direction du controversé Zeman, Ciro Immobile, entouré de Verratti et Insigne, contribue grandement à la
promotion du club en Serie A. Le natif de Torre Annunziata (province de Naples) marque 28 buts en 37 apparitions, battant ainsi le record du joueur ayant marqué le plus de but en une saison pour
le club et s'adjugeant par la même occasion le titre de meilleur buteur de Serie B. Alors qu'on le pensait rester du côté de Pescara, il est finalement envoyé au Genoa en copropriété. Une saison
en demi-teinte dans la mesure où il accumule de nombreuses présences (33) mais inscrit peu de buts (5). Ciro se rattrapera néanmoins en juin avec l'Euro Espoirs 2013. Les
Azzurrini atteignent la finale de l'Euro, perdue contre l'Espagne (4-2), dans laquelle Immobile inscrit le but de l'égalisation momentanée (1-1). Suite à cette belle expérience,
l'attaquant napolitain rejoignait le Torino, cet été, toujours en copropriété avec la Juventus. Aligné aux côtés de Cerci, Immobile réalise une magnifique saison avec déjà 13 buts à son actif en
22 matches. Il se positionne ainsi comme le principal prétendant à l'éventuel profil jeunesse sur les papiers de Prandelli.
Actuellement co-meilleurs buteurs du championnat (avec Tevez-Llorente), Cerci et Immobile peuvent rééditer les 36 buts inscrits par Graziani-Pulici en 1976. Toutefois, la grande ambition des « jumeaux du but » reste celle de convaincre Cesare Prandelli de les sélectionner pour le Mondial cet été. Un rêve qui s'était justement réalisé pour leurs prédécesseurs, tous deux convoqués par Enzo Bearzot pour disputer la Coupe du Monde de 1978 en Argentine. Assisterons-nous, cet été au Brésil, à un bis repetita ?