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LA RECONVERSION RÉUSSIE DE SUPERPIPPO

 

 

  

 

De Yokohama à Viareggio, de la Coupe du Monde des Clubs à la Coupe du Carnaval. Sept ans se sont écoulés et (presque) rien n'a changé pour Filippo Inzaghi. Le 16 décembre 2007, il triomphait au Japon dans sa dernière finale en tant que joueur. Ce lundi 17 février, il a remporté en Italie la première finale de sa carrière d'entraîneur. D'une revanche à une autre, retour sur la reconversion réussie de SuperPippo.

 

 

Pour les amateurs, il était un redoutable renard des surfaces. Pour les connaisseurs, il était SuperPippo. Un attaquant atypique ayant inscrit 313 buts et remporté quelques 14 trophées en 21 ans de carrière. La légende de SuperPippo débute dans les divisions inférieures du Calcio pour arriver aux sommets de l'Europe et du Monde avec un même fil conducteur : le but. Filippo en a fait une raison de vivre. Sans avoir l'élégance d'un Van Basten, la technique d'un Ronaldo ou la puissance d'un Weah, Inzaghi est parvenu à marquer de son emprunte l'histoire du football en perfectionnant, tout au long de sa carrière, son don le plus cher : le sens du but. Et des buts, Inzaghi en a toujours marqué. Chacune de ses célébrations représentant probablement l'expression la plus fidèle de l'émotion éprouvée par tout footballeur venant d'inscrire un but. Le 13 mai 2012, il clôturait sa carrière, bien malgré lui, sur un dernier but inscrit lors de Milan-Novara (2-1). Malgré lui car il est évident que si ça n'avait tenu qu'à lui, il serait aujourd'hui encore sur les terrains, à la limite du hors-jeu, prêt à flairer un énième but. Ou vice versa. Car comme le disait Emiliano Mondonico, son entraîneur au temps de l'Atalanta : « ce n'est pas Inzaghi qui est amoureux du but, c'est le but qui est amoureux d'Inzaghi. »

 

Un nouveau but

 

Le but le plus important est toujours le suivant. Telle est la philosophie de SuperPippo. Conscient que sa carrière de footballeur approchait irrémédiablement de son terme, et ne souhaitant pas quitter l'AC Milan après 11 années de succès, Inzaghi se voyait proposer un nouveau but : une reconversion en tant qu'entraîneur des U16 du club lombard. Après un été de réflexion, SuperPippo accepte le challenge. Il met un terme à sa carrière de joueur et signe un contrat d'entraîneur d'une durée de 2 ans. Une nouvelle vie commence pour Inzaghi avec une interrogation récurrente : parviendra-t-il à être aussi déterminant et épanoui dans son rôle d'entraîneur qu'il a pu l'être par le passé ? Car si Inzaghi a tout remporté sur le terrain, il en exigera pas moins de sa reconversion sur le banc.

 

Filippo Inzaghi a d'abord entraîné les U16 de l'AC Milan (2012) avant de prendre les commandes de la Primavera
Filippo Inzaghi a d'abord entraîné les U16 de l'AC Milan (2012) avant de prendre les commandes de la Primavera

 

Un doute qui sera bien vite levé. Sous la direction de SuperPippo, les Allievi enchaînent les victoires et se qualifient pour disputer les playoffs : 8 équipes séparées en deux groupes de quatre avec des demi-finales croisées entre les deux premiers de chaque groupe. À la suite d'un nul face au Genoa (0-0), d'une défaite face à la Juve (0-1) et d'une victoire contre l'Inter (1-0), les joueurs d'Inzaghi accèdent à la demi-finale contre l'Empoli. Une demi-finale qui se terminera finalement aux tirs au but, après un score de parité (1-1) lors du temps réglementaire. La loterie récompensera les joueurs d'Empoli qui se qualifient pour la finale, perdue ensuite contre Parme. SuperPippo, lui, se console avec l'estime des siens et une promotion à venir.

 

Le bilan de cette première saison passée sur le banc de touche est forcément positif pour Inzaghi. Si les résultats ont été probants, c'est surtout la conviction grandissante d'avoir fait le bon choix en endossant le costard d'entraîneur qui pousse Inzaghi à continuer l'expérience. En voyant la passion animer le regard et les efforts de ses poulains, SuperPippo est parvenu a donné un nouveau sens à sa vie.

 

La revanche dans la peau


L'AC Milan le récompense de ses efforts en lui offrant les rennes de la Primavera. La pression monte d'un cran pour SuperPippo. Il en est conscient. Il s'agit désormais de préparer des espoirs à faire le grand saut dans les mois à venir. Le tout, si possible, en faisant des résultats. Le challenge est de taille mais Inzaghi va prouver qu'il est l'homme de la situation. Dans un groupe B particulièrement relevé, son équipe joue le haut du classement (4ème) à la mi-saison. Mieux encore. Comme lorsqu'il était sur le terrain, Inzaghi semble hausser le niveau lorsque les coupes se présentent. Ainsi, son équipe se qualifie pour les 1/8 de la Youth League (Champions League Juniors) en sortant 2ème de son groupe derrière Barcelone et devant l'Ajax. Autrement dit, deux des meilleures écoles de football de la planète. Mais ce n'est pas tout.

 

La Primavera victorieuse de la Viareggio Cup 2014
La Primavera victorieuse de la Viareggio Cup 2014

Ce lundi après-midi 17 février est à marquer d'une pierre blanche pour Inzaghi. Lui qui disputait sa dernière finale en tant que joueur, il y a sept ans de cela, avait une nouvelle fois rendez-vous avec son destin : la première finale significative de sa carrière d'entraîneur. La Viareggio Cup. L'AC Milan, qui ne remportait plus la prestigieuse Coupe du Carnaval depuis 2001, s'est qualifié pour la finale en éliminant les croates de Rijeka (3-1), les colombiens d'Envigado (1-0) et la Fiorentina (4-2). Dans le dernier acte, les Rossoneri retrouvaient Anderlecht. Ni plus ni moins que la réédition de la Viareggio Cup 2013 lorsque les Belges s'étaient imposés sur une victoire sans appel (3-0). Mais cette fois-ci, les milanais pouvaient compter sur une arme en plus. SuperPippo. L'homme sait comment utiliser à bon escient la fougue engendrée par le sentiment de revanche. Lui qui, après avoir perdu une finale de Coupe Intercontinentale contre Boca Juniors (2003) et de Coupe des Champions face à Liverpool (2005), était parvenu à se refaire en 2007 face à ses mêmes adversaires, dans les mêmes compétitions, en inscrivant 4 buts sur les deux finales. La suite de l'histoire, vous l'imaginez bien. Menés au score à l'heure de jeu, Inzaghi n'a cessé d'inciter ses joueurs depuis son banc de touche (« ce match est pour nous »). La magie a fait le reste. Petagna égalisait d'une magnifique frappe du gauche de l'extérieur de la surface avant que Fabbro et Mastalli ne scellent le sort de la rencontre dans la prolongation (3-1). Inzaghi remporte ainsi, en infériorité numérique (9 contre 10 !), son premier trophée de prestige dans son nouveau costume. Gageons que ce ne sera pas le dernier.


De Yokohama à Viareggio, sept ans se sont écoulés et rien n'a changé pour Filippo Inzaghi. D'une manière ou d'une autre il est toujours là, en finale, et c'est bien souvent lui qui soulève le trophée. La légende de SuperPippo s'est enrichie aujourd'hui d'un nouveau chapitre. En attendant le suivant...