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MINALA

LE NOUVEAU ERIBERTO
DU CALCIO ?

 

 

  

 

 

Le cas Minala, ce jeune milieu de terrain de 17 ans qui en paraît dix de plus, fait couler beaucoup d'encre depuis une semaine. Convoqué dans le groupe professionnel de la Lazio pour le dernier Derby, son visage marqué a fait le tour du monde. En 2002, Eriberto révélait sa véritable identité. Douze ans plus tard, on craint que le cas se représente.

 

 

De prodige camerounais à la risée du web. En postant sa photo sur son compte Twitter à l'issue du Derby romain dimanche dernier, Joseph Marie Minala ne pouvait imaginer ce qui le guettait. Une polémique nationale à résonance internationale. La faute à un visage passablement marqué pour un jeune homme âgé de 17 ans. Son histoire explique peut-être bien cela.

Minala, qui es-tu ?

 

Né à Yaoundé le 24 août 1996, Minala débarque à Rome en 2002 avec des rêves plein la tête. Le Camerounais veut devenir joueur professionnel et c'est pour cette raison qu'il rejoint la capitale italienne où un agent est censé l'attendre. Problème. Une fois arrivé à la gare Termini, Minala comprend que cette personne ne viendra jamais. Du haut de ses 15 ans, le joueur se présente au commissariat. De la plainte à la renaissance au sein d'une famille d'accueil avec un tuteur, devenu son ami, et la possibilité d'effectuer un essai au Vigor Perconti, un club amateur de la capitale. Le président du club, Maurizio Perconti, le prend sous son aile et joue le rôle d'un deuxième père pour le jeune Minala. Sous les couleurs du Vigor, le Camerounais obtient ses premières satisfactions : une convocation avec la sélection régionale et un titre italien.

 

Les clubs de Serie A ne tardent pas à demander des informations sur le jeune milieu de terrain. Le Naples est le premier à s'intéresser à Minala. Deux mois d'essai qui n'aboutiront pas sur un transfert. Sans rancune. Le rêve de Minala c'est la Lazio. Il parvient finalement à attirer l'attention de Bollini, entraîneur de la Primavera Laziale à l'époque. L'occasion d'une vie est en passe de se présenter. Bollini lui téléphone et l'invite à rejoindre le stage d'entraînement de son équipe dans les Abruzzes. L'impact avec le Mister est des plus positifs. Bollini lance rapidement Minala, une confiance qui sera bien payée en retour. Igli Tare (DS du club Biancoceleste) ne tarde pas à mettre sous contrat le jeune camérounais.

Joseph Marie Minala en action sous le maillot de la Lazio Primavera face à l'Inter.
Joseph Marie Minala en action sous le maillot de la Lazio Primavera face à l'Inter.

 

Le rêve prend forme. Minala défend le prestigieux maillot de la Lazio qui, sous la gestion d'Alberto Bollini, s'est distinguée par de nombreux succès au cours des dernières années. En tête de liste, le titre de champion d'Italie remporté la saison dernière. Habile techniquement et puissant physiquement, le maître à jouer a très vite fait l'unanimité dans sa catégorie. Les soupçons sur son âge ne se sont pas fait attendre non plus. « Il a un gros physique, et on l’a souvent critiqué pour cela, mais le passeport indique que c’est bien son âge », affirme Vito Trobiani, directeur général de l'ancien club de Minala. Des soupçons qui se sont intensifiés la semaine dernière, suite au cliché posté par le joueur sur Twitter, après sa première convocation dans le groupe professionnel. L'avenir nous dira si ces soupçons étaient justifiés. En attendant, la vie continue pour Minala qui n'a pas fait preuve de toute la maturité qu'on lui prétend au moment de tirer un penalty samedi après-midi avec la Primavera. Il n'est jamais évident de supporter la pression.

 

Quand Eriberto (re)devenait Luciano

 

Lui aussi a finalement dû abdiquer face à la pression. Il représente le cas le plus important d'identité virtuelle survenu en Italie. Le protagoniste se nomme Eriberto, devenu ensuite Luciano. Le milieu de terrain brésilien arrive en Italie en 1998 où il s'engage avec Bologne avant de rejoindre le Chievo Vérone avec qui il sera protagoniste d'une merveilleuse épopée sous la direction de Del Neri. Oui mais voilà, quatre ans après son arrivée dans la péninsule, le joueur ne supporte plus la pression du mensonge. À l'été 2002, Eriberto rentre au Brésil et révèle son incroyable vérité : son nom est Luciano et, cette année là, il n'a pas soufflé 23 bougies comme l'indiquait pourtant son document d'identité mais 27 !

 

L'affaire remonte à l'année 1996, lorsque Luciano Siqueira de Oliveira rêvant d'intégrer la formation espoir du Palmeiras, se procure une fausse carte d'identité au nom d'Eriberto Silva da Conceiçao, né le 21 janvier 1979. Rajeunit de quatre années, la vie commençait enfin à lui sourire. Il n'est plus question de faire machine arrière. Jusqu'à ce mois d'août 2002. Eriberto ne supporte plus le poids du mensonge et rentre au pays pour mettre les pendules à l'heure. L'histoire se termine bien puisque Luciano disputera finalement 12 saisons sous le maillot du Chievo Vérone avant de partir en 2013 du côté de Mantova où il évolue encore actuellement.

 

Minala et Luciano, deux destins croisés qui on l'espère n'auront pas en commun le mensonge. Le sport a besoin de ces belles histoires et en sortirait gagnant. En attendant, faute de preuve tangible, il convient de laisser le jeune Minala poursuivre son rêve en paix.